Une décision délicate à prendre
L’un de mes clients, formé à PCM, m’appelle pour une séance de coaching. Il a une décision à prendre et il est partagé. Au cours de nos séances, j’avais identifié qu’il avait beaucoup d’énergie dans ses Personnalités Analyseur (Travaillomane) et Empathique. Sa Personnalité Persévérant commençait à être présente.
Une proposition venait de lui être faite. Il en avait envie mais cela allait à l’encontre des dispositions qu’il réussissait à tenir depuis quelques mois, notamment à contenir son temps au travail, à déléguer davantage et à moins contrôler. La performance de la région dont il a la charge pourraient pâtir de cette responsabilité supplémentaire.
Au cours du coaching, mon client va découvrir deux compétences que ne cite pas PCM et que notre R&D a mis en évidence grâce à ce modèle. Ces deux compétences sont absentes chez les Personnalités Analyseur (ex Travaillomane), Persévérant, Empathique, Imagineur (ex Rêveur) et Énergiseur (ex Rebelle). C’est dire l’intérêt que ces compétences peuvent apporter à ces 5 Personnalités.
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Directeur de région et service client national
Comment peser le pour et le contre ?
Mon client est directeur régional. Il manage une quinzaine de personnes dont 3 en rattachement direct. Des commerciaux, des logisticiens et des administratifs. Il y a 3 ans, il a repris cette région qui était la lanterne rouge du groupe. Aujourd’hui, elle est n°1. En plus de sa région il lui est proposé d’assurer la responsabilité nationale du service client dont le manager vient de démissionner. Cette responsabilité serait à assurer pendant 3 mois, temps estimé par la direction pour recruter un nouveau responsable.
Ce job l’intéresse car les régions, y compris la sienne, ont besoin de ce service qui ne marche pas. Il imagine déjà ce qu’il faudra mettre en place. Ce serait sa 1ère responsabilité d’envergure nationale.
For des séances précédentes, mon client ajoute qu’il a pris en compte son intérêt personnel en obtenant que le contrôle factures soit retiré du service client. Et d’ajouter « s’ils ne me proposent que 500€ d’augmentation, je refuserai ».
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Les risques sont-ils partagés ?
Cadrer l’accord
Coach : Comment comptes-tu t’organiser pour assurer les 2 jobs ?
Client : Dans le service client j’ai repéré une personne qui assumerait bien le rôle d’adjoint. Dans mon équipe, je n’ai personne pour assurer cette fonction.
Coach : Bien ! Est-ce limité à 3 mois pour toi ?
Client : ça pourrait dépasser les 3 mois selon la durée du recrutement
Coach : Si cela prend plus de temps que prévu ? Quelles sont les conséquences pour toi et ta région ?
Client : Il y a le risque de ne pas maintenir la performance de ma région et que je me retrouve à trop m’investir.
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La lecture Process Communication Model
S’imaginer dans une autre Personnalité PCM
Coach : Si tu avais 100% d’énergie dans ta Personnalité Promoteur quelle serait ton attitude vis-à-vis du prolongement des 3 mois ?
Client : Je pourrais me dire « ce n’est pas mon problème » mais je trouve cela sévère.
Coach : Après tout, c’est leur problème. Pourquoi serais-tu le seul à en payer les conséquences. S’ils n’ont pas réussi à recruter à temps, tu n’y es pour rien, n’est-ce pas ?
Client : Exact.
Coach : Si la mission se prolonge au-delà de 3 mois et que la performance de ta région se détériore, eux n’ont aucun inconvénient. Il y a un déséquilibre non ?
Client : Oui, c’est vrai. Je réfléchis.
Coach : Es-tu d’accord si je dis que les personnalités PCM que tu occupes le plus souvent, Empathique, Analyseur et dans une bonne mesure, Persévérant, te poussent à accepter la prolongation sans sourciller ?
Client : Oui bien sûr, mais je ne vois pas comment rééquilibrer les risques.
Coach : Ce n’est pas important que tu trouves tout de suite. Ce qui est intéressant c’est que tu cherches un rééquilibrage des risques. Tu vas trouver.
Client : Intéressant. Je n’aurais pas eu cette démarche sans la prise en compte de « ce n’est pas mon problème ».
Coach : Hé oui ! le « ce n’est pas mon problème » de la Personnalité Promoteur est intéressant. Si la mission devait se prolonger au-delà des 3 mois prévus, cette période supplémentaire mérite d’être considérée différemment. Tu as des arguments.
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Le 1er degré de stress, une balise d’alerte
Process Relationnel® propose un usage positif du « ce n’est pas mon problème »
Client : J’avais toujours considéré le « ce n’est pas mon problème » comme étant un refus de coopérer.
Coach : Il y a une lecture positive du « ce n’est pas mon problème » 1er degré de stress de la Personnalité Promoteur. Personnellement après 10 ans passé dans ma Personnalité Empathique, désormais grâce à ma Personnalité actuelle Promoteur, le « ce n’est pas mon problème » m’alerte qu’il a un déséquilibre à rétablir. Ce n’est pas pour autant que je ne vais pas coopérer mais l’autre doit prendre en compte qu’il s’agit de son problème. A partir de là, nous pouvons trouver un accord équilibré.
Client : Cela veut dire que les conditions au-delà de 3 mois devrait être plus avantageuses pour moi (?)
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Une qualité inattendue de la Personnalité Promoteur
Process Com pourrait ajouter une qualité à la Personnalité Promoteur 😉
Coach : Oui, ou trouver un inconvénient pour eux. Laisse-moi te challenger par une question. Nous venons de voir que le « ce n’est pas mon problème » qui sert l’intérêt personnel est une balise d’alerte. Cette composante incite la Personnalité Promoteur à développer naturellement une compétence fort intéressante, laquelle ?
Client : … Je cogite …
Coach : C’est celle de négocier. Quand une demande est faite à une personne qui présente sa personnalité Promoteur, son 1er réflexe c’est de négocier une contrepartie. Dans cette situation que pourrais-tu obtenir si la mission devait se prolonger au-delà des 3 mois ?
Client : Je pourrais négocier une augmentation de salaire et ou une prime… je ne sais pas comment ?
Coach : Allez ! je pousse le bouchon. D’accord ?
Client : Volontiers.
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La demande impossible
Une demande non satisfaite donne un avantage au demandeur
Coach : Demande-leur qu’ils t’affectent un adjoint pour ta région.
Client : Ils n’ont personne.
Coach : Hé ! là tu prends un problème qui n’est pas le tien.
Client : Décidément, on ne se refait pas !!!
Coach : Mais si. C’est intéressant dans une négo de formuler une demande que l’interlocuteur ne saura pas satisfaire. L’autre se retrouve en dette vis-à-vis de toi. Ça donne un avantage dans la négociation. Et ils ont peut-être une solution que tu ignores… ou bien ta demande va leur donner une idée à laquelle tu n’avais pas pensé.
Client : D’accord je ferai.
Coach : Qu’imagines-tu négocier d’autre ?
Client : Piloter à distance l’adjoint du service client au bout de 3 mois.
Coach : C’est très bien. Tu pourrais aussi déjà annoncer qu’au-delà de 3 mois, tu reprends ton périmètre initial de responsabilités… juste pour voir ce qui se passe !
Client : C’est raide, non ?
Coach : S’ils trouvent cela raide c’est qu’ils se projettent dans leur échec. Cela va les pousser à respecter le délai.
Client : Evidemment.
Coach : Si la personne recrutée n’est pas encore là au bout de 3 mois qu’ont-ils comme alternative ? Embaucher un manager de transition ? Coût 40 k€/mois. Et quand celui-ci arrive, il ne connaît ni les produits, ni les services, ni les clients, ni la politique commerciale, ni la culture du groupe. S’il est très performant, il mettra un mois. Dans tous les cas, tu seras beaucoup moins cher et tellement plus efficace.
Client : Effectivement cette vision élargit le champ de la négociation. Je vais voir comment m’y prendre mais ça me va.
Coach : Veux-tu que nous allions plus loin ?
Client : Oui bien sûr
Coach : Comment prends-tu en compte ceux qui se défonceront pour que tu réussisses dans tes deux missions ? Si ta région a maintenu le cap, tes gens ont mérité. Cela vaut quelque chose, non ? Idem pour ton adjoint du service client. Il ne faut pas que tu aies à renégocier.
Client : Oui, je peux demander des enveloppes de primes disponibles à ma discrétion selon mon évaluation pour tout ce monde.
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Quels enseignements adopteras-tu désormais
PCM au service d’une vie
Peux-tu conclure cette séance de coaching ? Qu’en tires tu ?
Client : Tout d’abord que je suis prêt à prendre cette responsabilité car je sais quoi négocier et donc me protéger et faire bénéficier mes collaborateurs de cette mission.
Ce sera la 1ère fois que j’aurai une responsabilité nationale, cela me positionne pour une évolution de carrière c’est positif pour moi.
Coach : Bravo ! … et sur le plan PCM ?
Client : J’ai une lecture beaucoup plus riche de la personnalité Promoteur, notamment du « ce n’est pas mon problème » et du réflexe de « négociation ».
Coach : Bravo pour ta reformulation. Ce n’est pas par hasard si ta région est numéro 1. Dans la négo tu feras la part des choses.
Christian Becquereau
Assisté par Sylvie Nélaton
Faire grandir ses collaborateurs avec ou sans PCM®
« Faire grandir ses collaborateurs ». Cette formule en impose, non ? Il faut quelquefois regarder à 2 fois ces formules qui voguent sur les modes et nous filent des complexes. Ce sujet mérite d’être creusé avec l’arrivée de la génération Milléniale. Qui y a-t-il derrière cette belle promesse ? Comment savoir sur quoi faire grandir tel collaborateur ? Quelles actions mener ? Même si vous ne connaissez pas PCM (Process Communication Model), avec cette grille de lecture, cet article a pour objet de savoir comment faire grandir ses collaborateurs.
La générosité, l’ennemi ?
Depuis 1998, nous avons reçu en formation plus de 4000 managers. Il est remarquable de constater que la majorité d’entre eux est de nature généreuse. Ils veulent donner à leurs collaborateurs, leur apprendre, leur transmettre. Tout cela est très bien sauf que comme Sylvie et moi, nous le démontrons dans notre 3e livre[1], les qualités poussées un peu trop ont des effets pervers. Le dicton populaire l’indique « le mieux est l’ennemi du bien ».
L’une des grandes tentations du manager est de montrer comment faire. Il se substitue à son collaborateur pensant lui rendre service, alors que le collaborateur aura la sensation de ne pas avoir grandi. Le manager a cru bien faire et n’imagine pas le vécu de ses collaborateurs. Quiproquo classique. Que faire ? Une solution : Être champion en délégation.
Faire grandir ses collaborateurs
Bien sûr, il y a maintes manières de faire grandir ses collaborateurs. L’une d’entre elles est de leur transférer le métier ou de les rendre de plus en plus autonome dans le job. C’est aussi de leur apprendre à être plus fort dans l’adversité, etc. Chacun ira de sa réponse. Mais au quotidien, cela se traduit par quels actes ? Nous allons voir l’une des voies possibles que pointe Process Com.
Sans connaître PCM
PCM démontre, de manière évidente que chaque personne dispose en elle de 6 personnalités plus ou moins actives. Chacune de ces personnalités a sa manière d’entrer en stress. PCM propose les antidotes spécifiques pour baisser le stress d’un interlocuteur instantanément et établir le meilleur relationnel qui soit.
D’autre part PCM attribue à chaque personnalité un scénario qu’elle reproduit de manière inconsciente. Quand on découvre son propre scénario, on se dit : « ah, oui, c’est vrai que j’ai vécu ce scénario un certain nombre de fois ». A chaque fois, cela aboutissait à une perte de performance quand il ne s’agissait pas d’un échec. Sitôt que nous en sommes conscients, nous les repérons et nous prenons les dispositions pour éviter leurs effets négatifs.
Six scénarios de vie
Les personnalités se partagent 4 scénarios. Voici leurs attributions.
Identifier le scénario de vie
Vous avez 2 moyens d’identifier le scénario de vie d’un proche. Soit vous connaissez PCM et vous savez quelle personnalité votre interlocuteur vous présente, et donc le scénario d’échec auquel il est confronté, soit vous ne connaissez pas PCM et vous allez repérer directement le scénario d’échec. Ce sera indiqué ci-dessous pour chaque personnalité.
Persévérant
« Tant que… je n’aurai pas la vision complète, je ne passe pas à l’action ». C’est un objet de procrastination. Le défi de cette personnalité, c’est « d’apprendre en marchant », comme on dit.
Les 2 premières choses à faire : 1/ lui donner le droit à l’erreur et 2/ nommer ce scénario qui retarde la performance. Il est possible de lui dire que cela ressemble à un scénario d’échec, se elle a l’impression qu’elle a déjà été confronté à ce frein.
Le signal pour repérer le scénario, c’est cette forme de procrastination.
Analyseur
« Tant que… je ne dispose pas de tous les outils, je ne passe pas à l’action ». Le défi de cette personnalité, c’est d’accepter de ne pas faire du parfait.
Les 2 premières choses à faire 1/ lui donner l’autorisation de ne pas faire du parfait, en lui rappelant des prouesses qu’elle a déjà réalisées dans le passé alors qu’elles ne lui semblaient pas parfaites, et 2/ nommer ce scénario qui retarde la performance. Lui dire que cela ressemble à un scénario d’échec, si elle a l’impression qu’elle a déjà été confrontée à ce frein.
Le signal pour repérer le scénario, c’est cette forme de procrastination.
Empathique
« Après… il est probable que ce ne soit pas aussi bien ».
Les 2 premières choses à faire 1/ parier que l’avenir sera meilleur que ce qu’elle préannonce (d’un ton enjoué). 2/ chaque fois que l’avenir a été mieux (dans la plupart des cas), c’est l’occasion de lui dire que son pronostic pessimiste la dessert.
Le signal pour repérer le scénario, c’est sa structure de phrase « mes résultats sont bons mais dans le 2e semestre, ce sera moins évident. ».
Imagineur
« Jamais… je n’y arriverai ».
Les 2 premières actions à mener 1/ lui dire dans le détail ce qu’elle a à faire et valider auprès de qui elle a prévu de demander de l’aide au cas où… 2/ Valider qu’elle a demandé de l’aide et souligner qu’elle n’est pas seule.
Ce scénario « jamais » peut engendrer une distance de la part de son entourage.
Le signal pour repérer cette personnalité : elle semble se complaire dans la solitude et peut prendre l’air absent même en plein milieu d’un groupe.
Promoteur
« Toujours…je veux garder les avantages des différents choix que j’ai à faire ».
L’action à mener 1/ lui dire que c’est non négociable en utilisant son prénom, avec un grand sourire et un ton amical.
Le scénario « toujours » qui se traduit par je veux tout, peut amener les autres peuvent à prendre de la distance.
Le signal pour repérer cette personnalité : elle négocie en permanence pour obtenir toujours plus.
Énergiseur
« Toujours… ce serait sympa de garder les avantages des différents choix que j’ai à faire ».
Les 2 premières actions à mener 1/ lui proposer, d’une manière enjouée, de jouer à pile ou face. 2/ lui dire que c’est drôle sa manière de ne pas savoir choisir. Ça ressemble à un scénario qui peut desservir son image auprès de son entourage.
Le livre « Process Com pour les managers »
Dans les six cas, il peut être intéressant de leur donner accès à ce 1er livre où je traite d’une autre manière les scénarios de vie. A l’interlocuteur de déterminer s’il se reconnait dans le scénario d’échec évoqué.
Grandir vraiment
Contribuer à ce qu’une personne conscientise et se débarrasse d’un scénario qui la dessert et qu’elle aurait répété toute sa vie, est une action pour la faire grandir. Ensuite, c’est à cette personne de se prendre en charge. En tout état de cause vous lui aurez donné la possibilité de grandir.
Christian Becquereau
[1] « Lâchez les comportements qui vous jouent des tours » (Process Communication en développement personnel)